À l’occasion du concours Marne Europe, EPAMARNE a déployé une nouvelle méthode d’aménagement basée sur la co-construction. Explications avec Alexandre Chirier et Michele Lobosco, directeur et directeur adjoint du développement et de la promotion au sein de l’établissement.
D’une logique top down à une approche bottom up. Ce jargon généralement utilisé par les sociétés privées entre maintenant dans le vocabulaire de l’aménagement public. C’est en tout cas le parti pris d’EPAMARNE pour inventer un nouveau mode de fabrique de la ville entre le public et le privé. « Notre méthode consiste à co-construire avec les opérateurs privés et s’ inscrire dans une logique de partage des risques sur des opérations emblématiques de notre territoire », expose Alexandre Chirier, directeur du développement et de la promotion d’EPAMARNE/ EPAFRANCE. Une méthode qui se décline à l’échelle d’un bâtiment, d’une opération, d’un quartier même. « Notre démarche est unique en Île-de-France », insiste Nicolas Ferrand, directeur général d’EPAMARNE/EPAFRANCE (avril 2014-novembre 2017), qui cite Euromed à Marseille ou encore la convention avec Disney sur Val d’Europe, comme références.
Le premier exemple phare c’est bien évidemment Marne Europe, un projet majeur ne représentant pas moins de 115 000 m² de programmes, mis au concours d’« Inventons la Métropole du Grand Paris » où plus de cinq groupements se sont portés candidats. Comment fonctionne cette démarche ? Finie la fiche de lot rigide et imposée, ainsi que le plan-masse figé : la réflexion menée depuis trois ans a permis à la Ville, à l’aménageur et à la maîtrise d’œuvre urbaine de partager une vision et des grands objectifs affirmés. « Forts de ces éléments structurants, nous avons exprimé à chaque groupement nos attentes sur la finalité : les moments de vie attendus sur ce quartier, les rencontres, les partages, les émotions… Ainsi les réponses sont plus riches, architecturales et techniques, mais aussi foisonnantes en termes de nouveaux usages et d’ innovations » souligne Alexandre Chirier.
Les propositions de chaque candidat s’enrichissent lors de workshops associant, d’une part, toutes les parties intéressées au projet du côté du groupement privé
– directeur du développement du promoteur, responsables opérationnels, architectes, conseils… –, et d’autre part, les représentants publics, à commencer par la maîtrise d’ouvrage avec l’EPA, mais aussi les collectivités locales. Le rythme de ces groupes de travail est soutenu avec des rencontres programmées à peu près toutes les trois semaines.
« Nous demandons aux promoteurs de s’associer d’emblée avec la maîtrise d’œuvre dans ces groupes de travail afin d’améliorer la qualité des réflexions autour des projets. De même, nous faisons intervenir le plus en amontpossible les représentants des collectivités locales pour les associer aux programmes et tenir compte de leurs préoccupations qui peuvent amender le rendu du projet final », explique Michele Lobosco, directeur adjoint du développement et de la promotion d’EPAMARNE/EPAFRANCE. En parallèle, l’EPA, véritable rotule de cette démarche, travaille avec notaires et avocats pour sécuriser tous les contrats à la sortie de la période de dialogue. Gain de temps, gain d’argent.
L’objectif avoué est de tirer vers le haut la qualité des projets, tout en restant dans une équation économique viable pour toutes les parties et en évitant certains malentendus au moment de la livraison de tel ou tel programme. « Cette démarche n’est pas un ersatz de PPP (partenariat public-privé), mais bel et bien une nouvelle façon de co-construire la ville avec nos partenaires tant privés que publics, qui permet une appropriation plus forte du projet urbain », vante Michele Lobosco.
Cette année, outre Marne Europe, la démarche de dialogue co-constructif initiée par EPAMARNE/EPAFRANCE s’est appliquée sur deux autres programmes emblématiques du territoire : « Habiter Autrement » à Bussy-Saint-Georges et la tour Bois XXII développée avec Elithis à Montévrain. « Les premiers retours que nous avons de nos partenaires sont très positifs, y compris chez ceux qui n’ont pas été retenus à l’issue du concours », se félicite-t-on au sein de l’EPA. Il faut reconnaître que l’établissement a l’élégance de dédommager les groupements perdants.
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